mardi 6 février 2024

Nous avons l'impression de tout savoir de notre planète. Qu'il n'y a plus rien à y découvrir, à y explorer en ce début de second millénaire. Que les cartes du monde sont désormais tracées pour toujours, en tout cas si l'on ne tient pas compte des frontières entre les pays. La question, désormais, semble plus de savoir comment préserver notre planète, que d'en poursuivre l'exploration, notamment sous-marine. Et pourtant… Plus d'un siècle après la découverte de la Nouvelle-Zélande par Abel Tasman, le célèbre explorateur que fut James Cook chercha jadis en vain le continent austral, dont la Royal Society londonienne était convaincue de l'existence. Il aura fallu attendre plus de 350 ans pour que cette quête s'achève : des scientifiques australiens et néo-zélandais viennent de cartographier un huitième continent sur notre planète. Etonnant, alors que nous avons tous appris à l'école qu'il n'existait sur la surface de notre Planète bleue que sept continents, sept grandes étendues de terre entourées par l'eau : l'Amérique du Nord, l'Amérique du Sud, l'Europe, l'Asie, l'Afrique, l'Océanie et l'Antarctique. Et encore, ce dernier aura d'ailleurs mis un bon siècle à apparaître sur les cartes, après avoir été frôlé par le capitaine Cook, puis découvert sous les glaces en 1820. Mais où pouvait bien se cacher ce huitième continent dont on n'avait jamais entendu parler jusque-là ? Sous les eaux du Pacifique, au large de l'Australie, où il est en fait immergé depuis maintenant environ 25 millions d'années, suite à son effondrement progressif. Bienvenue sur la terre perdue de Zealandia. Un nom proposé en avril 1995 par le géophysicien américain Bruce P. Luyendyk. C'est en fait en 2002 que des relevés bathymétriques avaient permis de supposer l'existence de ce continent disparu. Mais il aura encore fallu deux décennies d'analyses et d'explorations géologiques et magnétiques pour parvenir à en confirmer l'existence effective et à en préciser les contours. Et il s'agissait bel et bien d'un continent, long et étroit, comme le prouvent à la fois sa croûte plus épaisse, sa géologie spéciale et son altitude élevée par rapport aux zones environnantes. Ce continent perdu, Zealandia, s'étendait ainsi sur 5 millions de km2 dans le sud-ouest de l'océan Pacifique. Avec environ 3 500 km de long sur 1 300 km de large, il s'est constitué il y a environ 83 millions d'années, vers la fin du Crétacé. Il faisait jadis partie du Gondwana, vaste supercontinent s'étant graduellement décomposé il y a 130 millions d'années. Mais la tectonique des plaques a peu à peu aminci, étiré, puis submergé Zealandia durant des millions d'années. Qu'en reste-t-il aujourd'hui de visible ? Seulement la Nouvelle-Calédonie, au nord, et la Nouvelle-Zélande, en son centre. À cela s'ajoutent quelques îlots volcaniques de-ci de-là. Les autres 93 % de la surface de ce paléocontinent sont aujourd'hui immergés sous 1 à 2 km d'eau. La question de l'existence ou non d'un plateau continental à cet endroit n'est pas anodine. En effet, selon la convention des Nations-Unies sur le droit de la mer, l'existence d'un « plateau continental » permet d'étendre l'exclusivité de l'exploitation des fonds marins et sous-sols sur ce plateau continental, dans la limite de 350 milles nautiques. Or, au-delà d'être une importante zone de pêche côtière, Zealandia contient également le plus grand champ gazier de Nouvelle-Zélande… Judikael Hirel

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