jeudi 4 janvier 2024
Tempête dans le renseignement extérieur français
par Redaction Jeune Nation 4 janvier 2024 dans Actualité française
Tempête dans le renseignement extérieur français
Le 20 décembre, Emmanuel Macron a limogé de manière abrupte le chef de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), Bernard Emié, lors d’une réunion du Conseil des ministres. Un ami personnel de Macron, le chef du contre-espionnage français (Direction générale de la sécurité intérieure – DGSI) Nicola Lerner, a été nommé à sa place.
Exit Bernard Emié
En septembre dernier, l’adjoint de Bernard Emié, le général quatre étoiles Olivier Bonnet de Payère, avait démissionné de la DGSE. Anticipant le mécontentement croissant de Macron face aux échecs incessants des services de renseignement français, le général a choisi de ne pas attendre que le tonnerre frappe et s’est lancé dans le secteur privé.
La colère du chef de la Ve République contre ses maîtres-espions s’accumulait depuis longtemps. Le 29 juillet 2023, lors d’une réunion du Conseil de défense, Macron s’en était pris à Bernard Emié, lui reprochant le fait que les services de renseignement qu’il dirigeait n’ont pas vu venir les coups d’État au Mali et au Niger, où des militaires sont arrivés au pouvoir et se sont rapprochés de la Russie. Selon Le Canard Enchaîné : « Macron est furieux contre la DGSE, dont les agents n’avaient pas prévu le prochain coup d’État au Niger. En pleine réunion du Conseil de défense, le président s’en prend au grand patron du renseignement : « Le Niger après le Mali, c’en est trop ! »
Ces derniers mois, la DGSE a été en proie à des échecs continus. Le diplomate de carrière Bernard Emié n’était clairement pas à la bonne place à la tête du renseignement national et a échoué sur tout ce qui pouvait échouer, même s’il n’est pas n’importe qui, puisque, outre ses fonctions d’ambassadeur entre 1998 et 2014, il a servi dans de nombreux cabinets ministériels, avant d’être nommé à la tête de la DGSE, Macron ayant pris l’habitude de s’entourer de proches sûrs d’eux-mêmes et sûrs pour lui.
Avant Emié : Bajolet c’était pas mieux
Avant Emié, son prédécesseur à la tête de la DGSE était Bernard Bajolet, tristement connu aujourd’hui pour avoir été récemment mis en examen pour « complicité de tentative d’extorsion » dans l’exercice de ses fonctions à la DGSE et « d’atteinte arbitraire à la liberté individuelle par personne dépositaire de l’autorité publique » au détriment d’un homme d’affaires franco-suisse Alain Dumesnil, qui accuse les services de renseignement français d’avoir utilisé la coercition pour exiger de lui des sommes d’argent en 2016…
« Une histoire incroyable dans laquelle des dizaines de millions du fonds secret de la DGSE ont été gaspillés. Ce dernier exploit peu glorieux s’inscrit dans une longue liste de folies qui ont terni le renseignement extérieur français. Nous sommes loin de l’image héroïque véhiculée par la célèbre série « Bureau des légendes », où la DGSE protège la France de la menace terroriste et de l’espionnage économique des autres grandes puissances » (Thomas Dietrich, Lemediatv.fr).
Il est intéressant de noter que les accusations contre Bajolet ont été portées par son successeur Bernard Emié, qui s’est au moins révélé être un intrigant habile, mais pas forcément plus compétent :
« Il a été critiqué à l’Elysée pour n’avoir pas prévu le coup d’État au Niger en août dernier, qui a entraîné le retrait des troupes françaises du Sahel, ainsi que le précédent coup d’État au Mali. De même, la DGSE, comme l’ensemble de l’appareil gouvernemental, ne prévoyait pas une invasion russe de l’Ukraine en février 2022… Ni la rupture du contrat de fourniture des sous-marins australiens en septembre 2021. La faible performance des services de renseignement français dans la bande de Gaza n’a pas non plus joué en leur faveur » (L’Opinion).
Pour succéder à Emié : Nicolas Lerner
Son successeur sera Nicolas Lerner, un haut fonctionnaire de 45 ans, issu du corps de préfets, patron de la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) depuis 2018. Il est diplômé de l’École nationale d’administration (ENA) et faisait d’ailleurs partie de la même promotion qu’Emmanuel Macron. Lerner est un proche de Laurent Nuñez, qui l’avait précédé à la DGSI. A son sujet le magazine Challenges raconte une anecdote : la soirée choc organisée le 20 octobre 2022 au théâtre du Sablon à Neuilly par Bernard Emier et Nicolas Lerner :
« Au cours de cet événement, deux des dirigeants de notre réseau d’espionnage ont entrepris un exercice inhabituel d’autosatisfaction et de confiance sans limites. Ainsi, Bernard Emiéa déclaré : « Nous avons l’un des meilleurs services de renseignement au monde, nous sommes quand même dans le trio de tête, arrêtons de culpabiliser. Contribuables, rassurez-vous, avec nos budgets, vous obtenez un très bon retour sur investissement ».
Emier ajoutant que le théâtre était rempli d’un public des plus douteux, ce qui n’était pas caché même par les organisateurs de cette étrange fête, qui plaisantaient constamment que la salle était pleine d’espions.
Signalons aussi qu’une semaine avant le limogeage de Bernard Emié, 4 agents de la DGSE arrivés au Burkina Fasso munis de passeports diplomatiques ont été arrêtés, entraînant le départ en urgence du pays de dizaines de leurs collègues du renseignement, selon Jeune Afrique. Les autorités burkinabes ont affirmé disposer de preuves d’espionnage de la part des Français, les personnes arrêtées se trouvant dans un centre de détention provisoire et bénéficiant d’une assistance consulaire.
Quelques jours après le limogeage de Bernard Emié, des médias azerbaïdjanais et turcs ont également fait état de la découverte d’un réseau d’espionnage de la DGSE, « impliqué dans diverses opérations en Ukraine, en Moldavie, en Géorgie, en Azerbaïdjan, dans plusieurs pays d’Europe de l’Est, le Moyen-Orient et l’Asie centrale ». A ce propos, un journal turc Yeni Safak écrit : « Sur le territoire de l’Azerbaïdjan, une station opérant à l’intérieur de l’ambassade de France est apparue, qui a mené avec beaucoup de confiance et de calme des opérations de reconnaissance contre les représentants des pays connus comme « partenaires » de la France. Dans le même temps, la chaîne, grâce à ses nombreuses connexions, s’est impliquée activement dans les pays de la région, en se définissant de nouvelles tâches et en élargissant sa sphère d’influence ».
Le réseau de renseignement français aurait été livré au contre-espionnage azerbaïdjanais par un agent de la DGSE (sic !), un citoyen français ayant longtemps travaillé dans la région, apportant aux Azerbaïdjanais « des preuves et des documents concernant les activités de la station française dans la région du Caucase du Sud, du Moyen-Orient, de l’Ukraine et de la Moldavie »…
« Misères » du renseignement extérieur français
Quant aux raisons des échecs, des observateurs et des médiats français parlent unanimement de la situation financière désastreuse du renseignement extérieur français et d’un manque flagrant de professionnalisme. Des entraves et des tares auxquelles nous rajouterons les connexions (avec des officines douteuses) et les missions (au profit d’autres puissances : OTAN, États-Unis, Ukraine), imposées par l’autorité politique de tutelle.
En 2018, BMFTV rapportait que « les agents de la DGSE sont faciles à détecter et à identifier du fait qu’ils utilisent une application mobile gratuite appelée Strava, qui révèle leurs déplacements et leur identité ». En analysant les performances sportives, à partir des comptes d’utilisateurs, il a été possible de détecter de nombreux agents de la DGSE qui allaient courir pendant leur pause déjeuner. Selon le Canard Enchaîné, cette application permettait de suivre les déplacements des agents autour de « la Piscine », l’ancien siège de la DGSE boulevard Mortier, dans le 20e arrondissement de Paris :
« L’utilisation de Strava par les agents de la DGSE a permis de géolocaliser l’un d’eux alors qu’il se trouvait en Irak. D’autres ont été repérés à proximité d’une des stations d’écoute les plus importantes de France et à proximité d’une autre station d’écoute située en Afrique. Les journalistes ont également pu connaître l’emplacement exact d’une base militaire secrète française d’outre-mer. »
Le Point avait attiré l’attention sur le mystérieux incendie survenu au siège parisien de la DGSE en 2016, lorsque le bâtiment avait brûlé dans la nuit du 28 au 29 février : « Le bâtiment a été entièrement évacué et l’information a été immédiatement classée « secret militaire ».Par une étrange coïncidence, c’est à cette époque que Bernard Bajolet, alors chef de la DGSE, extorque de l’argent à l’entrepreneur Alain Dumesnil pour cacher la perte de « plusieurs dizaines de millions sur les fonds secrets de la DGSE »…
En 2012, une imprudence confinant à l’incurie avait conduit à la révélation de plans secrets du siège de la DGSE. Des plans de l’Elysée, du ministère de l’Intérieur, de la préfecture de police de Paris et de 9 000 bâtiments publics et privés avaient été volés dans une voiture près de la gare de Lyon et mis en ligne ! Les documents étaient stockés sur des clés USB et des disques durs non cryptés.
Le Canard Enchaîné rapportait également en 2013 que pendant plusieurs mois, n’importe qui pouvait télécharger sur le site web de la Plate-forme des Achats de l’Etat plusieurs plans détaillés d’un des bâtiments de la caserne Tourel, boulevard Mortier, où se trouvait le siège de la DGSE, et notamment des données sur les « systèmes anti-intrusion » (la localisation exacte des digicodes, contacts magnétiques, détecteurs « bi volumetrique » de mouvement et détecteurs à infra-rouge)…
Sans parler de la rocambolesque affaire « Athanor » – dans laquelle les rebondissements se succèdent depuis 2021 – du nom de cette loge maçonnique sous le couvert de laquelle certains adeptes nouèrent des contrats de « tueurs à gage » dont les petites mains exécutrices étaient des militaires affectés au Centre parachutiste d’entraînement spécialisé, situé à Saran (Loiret), un site qui dépend de la Direction générale de la sécurité extérieure… Une loge qui dépendait de la Grande loge de l’Alliance maçonnique française (GL-AMF) dont le premier grand-maître fut, de 2012 à 2015, Alain Juillet qui lui-même fut directeur du renseignement au sein de la DGSE jusqu’en 2009 (mais qui n’est pas jusqu’ici inquiété dans cette affaire).
Un manque de professionnalisme, des missions et connexions douteuses, la négligence de mesures de sécurité fondamentales sont des raisons des échecs très médiatisés de la DGSE, comme l’écrivent des journalistes français tels que Eric Pelletier et Christophe Dubois dans « Où sont passés nos espions ? » Commentant ce livre, l’ancien patron de la DGSE, Alain Chouet, dans un entretien au Parisien, a tristement reconnu : « Nous vivons toujours en France selon la logique des tribus gauloises », invoquant le manque d’organisation efficace et des problèmes dans les interactions entre les différents services de renseignement de la Ve République.
Rien de plus urgent et important pour les Nationalistes que de reprendre le contrôle de l’État en vue de réorganiser les services et réorienter leur travail vers la protection du territoire national et des intérêts fondamentaux de la France tels que, entre autres et en vrac, au-delà de la mission de renseignement au profit de l’État et de la Nation :
§ prévenir et empêcher les cohortes d’envahisseurs migrants – au milieu desquels passent de futurs jihadistes – d’atteindre nos côtes européennes,
§ prévenir et déjouer la prédation économique de nos fleurons industriels et leur captation et dépeçage par les oligarchies d’outre-Atlantique et d’ailleurs
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