lundi 21 octobre 2024
LA VALEUR DU DOLLAR DÉCOUPÉE AVEC DES CISEAUX D’ARGENT
rédigé par Philippe Béchade 21 octobre 2024
Il n’est pas étonnant que les métaux précieux pulvérisent les dernières résistances, elles aussi historiques…
Sans surprise, Wall Street a conclu le terme boursier d’octobre sur un nouveau record absolu de clôture qui a mobilisé 99% des commentateurs sur les chaînes financières… mais pendant que le S&P 500 et le Dow Jones s’arrachaient au cours des huit dernières minutes (pas une de plus) pour inscrire de nouveaux zénith symboliques (47e de l’année 2024 pour le S&P), l’once d’or (+1,4%) culminait vers 2 730 $, et surtout, l’argent s’envolait de 6% vers 33,9 $, inscrivant sa meilleure clôture depuis le 29 novembre 2012 (égalant les 33,94 $ du 3 décembre 2012, ou sa clôture du 3 septembre 2012).
L’once d’argent n’est plus qu’à 3% du zénith majeur inscrit à 35,1 $ le 10 avril 2012.
La flambée de l’argent métal a toujours coïncidé, soit avec des désordres monétaires (crise grecque, record absolu et triple test des 49 $ du 24 au 29 avril 2011), soit avec des phases d’impression monétaires… et toujours en corollaire d’une perte de pouvoir d’achat de la monnaie.
Les Etats-Unis viennent de signer ces trois dernières semaines la plus vertigineuse phase d’endettement de leur Histoire avec +500 Mds$, soit +15 Mds$ par jour.
Sur les 15 derniers mois, le gouvernement américain a ajouté +4 500 Mds$ de dette, soit +300 Mds$ par mois ; mais la réalité est bien plus inquiétante si l’on se focalise sur la « dynamique ». Le creusement du déficit budgétaire s’est en fait accéléré cet été, puis encore à partir du 22 septembre avec le relèvement du plafond de la dette jusqu’au 20 décembre (pour éviter un « shutdown » avant les élections du 5 novembre).
Le montant global de la dette vient de passer le cap des 35 770 milliards de dollars : c’est bel et bien un vrai « cap », puisque ce montant représente plus de 130% du PIB américain, soit également 10% de plus que le maximum atteint en 1946 (118,9%), année caractérisée par le refinancement des dépenses considérables en armement engagées de 1941 à 1945 (dont le fameux « projet Manhattan ») dans le cadre de l’implication du pays dans la Seconde Guerre mondiale.
A la question de la dette s’ajoute celle de l’inflation, avec un 3e mois de progression du « CPI super-brut » (c’est-à-dire hors alimentation, énergie et loyers + coût de la construction). Il repasse le cap des 4% et s’établit à 4,20%, ce qui signifie surtout que le prix des « services » réaccélère depuis l’été (ils sont en effet peu concernés par le recul du prix du fioul ou des carburants). C’est essentiellement dû à la hausse des salaires… L’exemple le plus frappant – et de surcroît le plus récent – étant la hausse de salaire de +10% durant six ans obtenue par les dockers des ports américains.
Il n’est pas étonnant qu’avec ce phénoménal « effet de ciseaux » de dette historique couplé à une inflation rémanente, les métaux précieux pulvérisent les dernières résistances, elles aussi historiques.
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