jeudi 3 octobre 2024

En Ukraine, la Russie s’est heurtée à Starlink et à d’autres petites révolutions technologiques portées par le segment militarisé de Microsoft, entre autres géants du numérique, ayant anéanti l’ensemble des ses capacités en cyberguerre et grandement atténué les capacités cumulées de la Russie en matière de guerre électronique. Ce sont ces facteurs, bien plus que les aides massives en systèmes d’armes, en munitions et en logistique fournies sans limites par l’OTAN à l’Ukraine, qui ont plus contribué à mettre en échec la stratégie militaire russe et à bloquer toutes initiatives tactiques. Ce facteur T (pour technologique) a également joué un rôle majeur dans le conflit au Levant et a transcendé les rapports de forces symétriques ou asymétriques supposés jusqu’ici. Une attaque disruptive de type T inattendue et insoupçonnable a littéralement anéanti l’encadrement inférieur et intermédiaire d’un mouvement très fortement structuré comme le Hezbollah libanais, lequel à pourtant pris toutes les mesures possibles pour échapper à la surveillance de masse de ce que l’on appelle les GAFAM, piliers du renseignement militaire offensif de l’empire. Cette attaque inédite a provoqué bien plus de dégâts que ce que les médias ont annoncé et il semble que des deux côtés, des tentatives de passer sous silence certains aspects de cette attaque répondaient à des impératifs bien précis. Du côté de l’empire, une carte maîtresse a été dévoilée et son dévoilement est susceptible de porter atteinte de manière durable à l’économie mondiale, les chaînes mondiales d’approvisionnement, des industries entières et la confiance de milliards de consommateurs et il fallait donc pratiquer un contrôle des dommages en atténuant et en réduisant cette attaque à deux types d’appareils ; du côté du Hezbollah libanais, il ne pouvait révéler à ses ennemis l’ampleur de ses pertes et surtout la désorganisation de ses structures de commandement et de communication. La perte de son état-major et coup sur coup des commandants de la force d’intervention et celle balistique s’inscrivent dans le cadre du déploiement de nouvelles technologies d’interception du signal radioélectromagnétique et de l’espionnage Humint. Les similitudes entre les deux conflits de la Première guerre hybride mondiale s’arrêtent à ce facteur T introduit par les forces de l’empire dans une équation que les ses adversaires croyaient sans inconnue. Le facteur décisif de la surprise technologique dans l’aboutissement des conflits est un élément bien connu dans l’histoire militaire à l’exception notable de l’Allemagne entre 1944-1945, laquelle a été défaite en dépit d’une avance technologique indéniable sur les Alliés, notamment à travers le missile de croisière Fiesler FI 103 plus connu sous le nom du V1, le missile balistique Aggregat 4 (V2), l’avion de combat à réaction Messerschmitt BF 109 et même un programme nucléaire militaire n’ayant pas abouti pour des raisons sortant du cadre de ce texte. Les leçons de l’élément de surprise technologique tel qu’il s’est manifesté dans le conflit ukrainien et au Levant doivent être assimilées pour comprendre qu’aucune évaluation n’est à 50% certaine avant un conflit. Cela explique la prudence extrême de certains pays comme la Chine concernant ce domaine jamais acquis. Que va t-il se passer maintenant que les cartes sont brouillées par un élément disruptif conférant un avantage comparatif à un des belligérants sur ses adversaires? Au Levant, la situation au Liban, un État en faillite totale dont la moitié de la population (5,7 millions d’habitants) ne cesse d’exiger qu’il soit sous tutelle internationale, l’affaiblissement organisationnel du Hezbollah libanais, lequel n’est qu’un parti parmi tant d’autres au Liban, n’est pas suffisante pour permettre à son ennemi de prendre un avantage tactique qu’il ne peut pas exploiter. L’armée israélienne est non seulement exténuée mais totalement désorganisée et cela explique la substitution des forces armées américaines à cette force à bout de tout dans ce conflit. De plus les alliés les plus importants des États-Unis dans le monde arabe, dont les riches monarchies du Golfe et l’Égypte ne veulent pas d’une destruction des infrastructures du Liban ni d’une extension du conflit au nord du pays. Autre pays allié des États-Unis, la France, qui dispose au Liban d’un parti puissant et très favorable, ne veut pas de conflit destructeur affectant les autres communautés. La conclusion logique serait un cessez-le-feu. Ni Israël ni le Hezbollah libanais n’ont la capacité à reproduire les erreurs de 1982 et 2006. En ce qui concerne la bande de Gaza, désormais détruite et dévastée, où Israël a mené une véritable politique de la terre brûlée et a ciblé en priorité les populations civiles pour les terroriser devant le monde entier sans la moindre protestation possible, un cessez-le-feu serait une urgence absolue pour éviter plus d’atrocités mais il semble que le gouvernement Netanyahu est piégé par l’idéologie extrémiste des membres de la coalition ayant rendu possible le retour de Netanyahou au pouvoir, afin de fuir les poursuites judiciaires pour corruption qui le harcèlent depuis des années. C’est la raison première pourquoi un cessez-le-feu est exclu car la fin de cette manche, la plus longue des multiples conflits entre Gaza et Israël depuis 18 ans, mettra Netanyahu devant ses faits et une opinion qui exigera sa tête. Enfin pour le conflit ukrainien, les choses sont encore plus complexes car la Russie, bien que surprise à plusieurs reprises, est trop grande pour être défaite comme le demandent les membres baltes de l’Alliance atlantique ou encore une grande partie de l’État profond US. De plus, l’utilisation de l’Ukraine en tant que proxy a dissous cet État et est en train de le transformer en glacis incertain. En deux ans, l’Ukraine a reçu de quatre fois a six fois le budget annuel militaire de la Russie (et probablement beaucoup plus). Cela a créé des fortunes colossales dans ce pays mais, vu la corruption légendaire sévissant dans les pays issus de la sphère soviétique, ces fonds n’ont pas servi à la construction d’un État mais à alimenter une hydre sans fin de blanchiment de capitaux s’étendant aux complexes militaro-industriels des pays de l’OTAN et aux lobbies de la défense US. La guerre en Ukraine où des pauvres des deux côtés crèvent dans des tranchées sous les bombes largués par des drones MAVIC chinois, est avant tout une formidable machine à cash ayant remplacé celui généré par la production d’opium en Afghanistan. C’est l’une des raisons pour lesquelles un cessez-le-feu n’est aucunement prévisible dans ce conflit. À moins d’une autre surprise T conférant à l’un des belligérants un avantage écrasant. Source : Stratégika510

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire