vendredi 13 juin 2025
Michel Cau
3 h ·
Yann Bizien
5 h ·
J'ai appris hier soir le décès soudain, inexpliqué et inquiétant d'Eric Denécé, 62 ans, ancien officier du renseignement de la Marine, Directeur du Centre français de recherche sur le Renseignement, que j'ai eu l'honneur de rencontrer dans ma vie professionnelle intense et diversifiée.
"Soudain, inexpliqué et inquiétant" car sa famille, ses proches et ses collaborateurs ne croient absolument pas à l'hypothèse d'un suicide au moment ou il travaillait sur un dossier important au profit d'Histoire Magazine.
Je sais qu'il attendait avec impatience la publication du deuxième volet de ce passionnant dossier, qui était le reflet des cinq volumes de son Histoire du Renseignement publié chez Ellipses.
Eric était un analyste influent et reconnu dans les domaines de la défense, du renseignement, de l’intelligence économique et de la géopolitique. Docteur en science politique (Université Panthéon‑Assas, 1988) et habilité à diriger des recherches depuis 2011, il fut officier-analyste de la Marine nationale puis du SGDN (Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale). Il a ensuite travaillé dans le secteur privé — Matra Défense, NAVFCO — avant de cofonder le cabinet d’intelligence économique Argos, puis de rejoindre le groupe GEOS.
Fondateur et directeur du CF2R (Centre français de recherche sur le renseignement) en 2000, il en assurait la direction. Ce think tank, d’inspiration « réaliste », était indépendant des institutions et des pouvoirs publics.
Il a évidemment critiqué la vente de la filiale énergie d’Alsthom à General Electric, qui a fortement impacté notre souveraineté nationale.
Éric assumait en effet une position indépendante et non alignée à propos de la guerre en Ukraine, sujet sur lequel il divergeait des lignes officielles de l’Union européenne et du gouvernement français.
Il n'affirmait jamais rien qui ne soit serieusement vérifié et solidement étayé.
Avant comme après l’invasion de l’Ukraine par la Russie de Poutine, Éric soulignait les responsabilités croisées des néoconservateurs à Washington et des ultranationalistes à Kiev avec une logique qui ne pouvait que conduire à l’agression russe.
Il était l'auteur prolifique ou l'éditeur d’une trentaine d'ouvrages, consacrés notamment à l’histoire du renseignement (Première et Seconde Guerres mondiales, Révolutions arabes, terrorisme…).
Il enseignait également l’intelligence économique et stratégique dans de nombreuses institutions : universités, ENA, Collège interarmées de Défense.
Eric était un vrai professionnel du renseignement et de l’analyse géopolitique. Il était brillant, intègre, sérieux, respectable, amoureux de la France et dévoué à la servir sans relâche avec son regard lucide, réaliste et détaché de tout biais idéologique.
Il laisse un œuvre riche et une très grande contribution à l’intelligence des conflits et des crises de notre temps.
Avec son décès, et d'autres, Il est devenu dangereux de démanteler la pensée unique européenne et surtout celle de la macronie sur les deux questions sensibles de la guerre en Ukraine, du Proche-Orient et de la reconnaissance d'un État palestinien.
Tout semble en place pour briser l'élan de la vérité, pour empêcher de voir et de dire le réel, pour contrôler le narratif officiel et, surtout, pour ostraciser et éliminer les dissidents.
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