mercredi 31 mai 2023

 Ruisseau, Piolle & Cie… et maintenant Morteau !

Où va nicher la subtilité ?
Vous ne connaissez peut-être pas Véronique Dubois-Bertrand. C'est bien dommage. C'est le maire (la maire, la mairesse, la maire.e, on ne sait pas comment elle veut être appelée) du troisième arrondissement de Lyon. Comme souvent les écologistes, cette dame a des convictions arrêtées mais difficiles à faire comprendre. C'est compliqué. Alors, pour expliquer au plus grand nombre la bonne parole déconstructrice, il y a deux options : soit on est boulon, comme Sandrine Rousseau, Cédric Piolle et tant d'autres, soit on explique. La coercition, c'est un fusil à un coup. Ca marche ou ça ne marche pas. Ca peut crisper, quoi. La pédagogie, c'est tout de même mieux, et puis, honnêtement, on n'est parfois pas si loin de la propagande, qui est un harmonieux moyen de concilier explication et obligation.
Madame Dubois-Bertrand a choisi l'explication. C'est tout à son honneur. Interrogée sur les violences des groupes d'extrême gauche (Black Blocs, notamment) par la chaîne locale Lyon Mag TV, elle doit donc expliquer en quoi elle condamne sans tout à fait condamner, tout en condamnant un peu. Elle « hésite » à parler de violences d'extrême gauche lors des manifestations. Le présentateur, un peu taquin, lui fait remarquer qu'elle n'a jamais hésité à nommer l'extrême droite. C'est vrai, reprend l'élue, mais là, c'est un peu différent. C'est un raccourci facile. Voyons cela. Il y aurait, d'une part, les casseurs qui viennent pour casser. Tout ce qu'ils veulent, c'est détériorer l'espace public. Ce sont les mauvais casseurs. La gauche, elle, appelle à faire table rase pour pouvoir reconstruire. Elle a des convictions. Les Black Blocs, explique notre élue, sont des gens qui militent « par la violence mais pas forcément par la casse », par exemple. Ce sont les bons casseurs.

Voir la vidéo 1’ ici - https://www.bvoltaire.fr/a-lyon-la-maire-du-troisieme-distingue-le-bon-et-le-mauvais-casseur/?utm_source=La+Gazette+de+Boulevard+Voltaire&utm_campaign=c59868c133-MAILCHIMP_NL&utm_medium=email&utm_term=0_71d6b02183-c59868c133-30458189&mc_cid=c59868c133&mc_eid=e5ebcee830
On se souvient du sketch des Inconnus sur la chasse. Il a suffi à l'élue lyonnaise d'enlever un H et de faire preuve de la même mauvaise foi. Il y a le bon et le mauvais casseur. Quand on veut tout détruire et qu'on se bat contre les flics, on est un mauvais casseur. Quand on veut tout détruire, qu'on se bat contre les flics mais que c'est pour faire « table rase » avant de reconstruire, on est un bon casseur. Ce n'est quand même pas très compliqué. Un peu de bon sens populaire résumerait tout cela : pour Véronique Dubois-Bertrand, la fin justifie les moyens. Un combat que l'on estime juste permet de trouver des excuses à ces gentils Black Blocs, un peu frontaux peut-être (quelle bande de jeunes n'a jamais souhaité faire preuve d'engagement physique, après tout ?), mais dans le fond bons camarades. Condamner ces violences et cette casse systématique, à l'inverse, ce serait gênant.
Le plus surprenant n'est pas ce genre de propos, venant d'une élue EELV. Ce qui est incroyable, c'est surtout que la municipalité imagine que « ça va passer ». En France, en 2023, pour prendre les compléments circonstanciels chers aux gauchistes, on peut encore condamner deux cents gudards en les comparant à Hitler, on peut faire interdire un colloque qui n'a pas encore lieu sur une « suspicion de propos », mais on ne peut pas imputer à l'extrême gauche les violences de l'extrême gauche. Merveilleux pays.
Print Friendly, PDF & EmailImprimer, enregistrer en PDF ou envoyer cet article

Avatar
Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire