jeudi 4 avril 2024
La honte et les larmes ! ! !!
par le Général Antoine Martinez (2 S )
Les déclarations successives du président de la République sur le conflit entre l'Ukraine et
la Russie n'ont pas manqué et continuent de provoquer la confusion et l'inquiétude chez
les Français mais également chez ses homologues européens ou otaniens du fait de la
nature ouvertement belliciste mais contradictoire de ses propos.
En effet, comment peut-il concilier l'objectif fixé « que la Russie ne puisse pas gagner
cette guerre » en n'excluant aucune action, y compris un déploiement de forces militaires
en Ukraine, tout en s'interdisant par avance, comme il l'a déclaré, toute initiative
d'offensive ou d'escalade, de surcroît au moment où ce pays est en train de perdre pied ?
Comprenne qui pourra, mais en matière de stratégie militaire n'est-ce pas un non-sens ?
Tant de contradictions et d'inconséquence ont d'ailleurs entraîné une désapprobation
d'une grande partie du clan otanien mettant ainsi en évidence la division de ses membres
et révélant, de ce fait, les faiblesses de cette alliance avec le risque majeur d'un isolement
de la France qui s'autodésigne comme une cible privilégiée. La seule certitude dans ce
tumulte c'est que le message du président français a été reçu cinq sur cinq par la Russie
qui n'en demandait pas tant. Alors, certes le moment est grave, mais la singularité et la
détermination affichée du président de la République procèdent-elles d'un aveuglement ou
d'un déni des causes et de l'évolution de cette guerre sur le terrain ou nous plongent-elles
dans une pièce de théâtre surjouée à des fins inavouées ?
Dans le premier cas, ce serait dramatique pour la France et l'Europe qui n'étaient pas
menacées par la Russie. Cette guerre par procuration provoquée par les Etats-Unis est
existentielle pour la Russie et non pas pour la France ou pour l'Europe. Mourir pour
l'Ukraine pour des soldats français et mourir pour la Russie dans ce conflit pour des
soldats russes ne peut pas relever de la même foi et de la même détermination. Les
seconds défendent leur patrie, pas les premiers. C'est une différence énorme. C'est la
raison pour laquelle il est déraisonnable et périlleux de croire que la Russie pourrait perdre
cette guerre. De plus, la France n'a pas reçu un mandat de l'OTAN pour un déploiement
de forces. Dans ces conditions, si le président de la République reste aujourd'hui dans le
même état d'esprit va-t-en-guerre que les journalistes et les experts militaires des plateaux
des chaînes d'information en continu qui s'ingénient à présenter des scénarii délirants sur
un déploiement de nos forces armées, les Français doivent effectivement s'alarmer.
Penser que la France pourrait seule, ou avec d'autres, déployer des forces militaires le
long de la frontière biélorusse, ou à l'ouest du Dniepr, ou à Odessa, dans le but de
constituer un cordon sanitaire dont la vocation serait de matérialiser une ligne à ne pas
franchir par les forces russes, sous peine d'escalade (nucléaire ?), relève de la
mythomanie et de la mégalomanie et serait à n'en pas douter une pure folie criminelle
pour nos soldats. En effet, l'Ukraine n'est membre ni de l'OTAN ni de l'UE et la Russie,
engagée pour ses intérêts vitaux, n'hésitera pas à infliger de lourdes pertes à ce cordon
sanitaire considéré inévitablement, par sa seule présence, comme cobelligérant. Les
Français sont-ils prêts à accepter de devoir ramener du front des milliers de cercueils à
cause d'une guerre qui n'est pas la leur et ce d'autant plus que l'accord qui avait été validé
en mars/avril 2022 par la Russie et l'Ukraine a été finalement rejeté par cette dernière
sous la pression des Etats-Unis et de l'OTAN ? Comment réagira le président de la
République ? Escalade ou retraite, car le statu quo ne sera pas tenable ? En tout cas,
dans l'éventualité d'un déploiement de nos forces sur le front face aux Russes, la
déclaration de guerre doit être autorisée par le Parlement (art. 35 de la Constitution). En
effet, dans le cas présent – il ne s'agirait pas d'un engagement effectué dans le cadre
d'opérations extérieures comme en Afrique, couvertes par des accords de défense, voire
exécutées sous l'égide de l'ONU – le président ne peut pas invoquer l'accord de sécurité
signé avec le président ukrainien, deux ans après le début du conflit, car il n'a pas été
ratifié par les représentants de la nation. Dans le cas contraire la décision d'un tel
déploiement serait inconstitutionnelle.
Dans le second cas, ce serait pitoyable et affligeant tant l'opération de diversion de
politique intérieure de la part d'un pouvoir politique aux abois est palpable en raison d'une
aggravation sans précédent de la situation du pays dans tous les domaines. Le discours
guerrier du président, relayé par une crise d'hystérie des médias asservis à la macronie,
procèderait ainsi d'une stratégie de la peur et de la menace – déjà exercée cyniquement
et efficacement, il faut bien l'admettre, pendant le covid – entretenue en dramatisant les
risques d'une extension de la guerre entre l'Ukraine et la Russie à l'Europe tout entière
dans le but d'occulter son bilan catastrophique et maintenir le peuple dans la soumission
et l'obéissance. La macronie qui sévit depuis sept ans déjà conduit inéluctablement au
déclassement et au délitement de la France qui se tiers-mondise tragiquement. Les
trahisons ne se comptent plus. Dans le domaine de la vente du pays à la découpe, Alstom
est probablement le cas le plus emblématique car qualifié par certains de scandale d'Etat
en raison de l'existence potentielle d'un pacte de corruption. Le rythme s'est cependant
accéléré avec 255 entreprises jugées stratégiques qui ont été vendues à des intérêts
étrangers, souvent américains, en 2021/2022, ce qui entrave sérieusement notre
indépendance et notre souveraineté en voie de transfert vers l'UE ! Un tiers de la dette
publique de 3100 Mds € est le fruit du talent de nos Mozart de l'économie depuis 2017.
L'accroissement continu du déficit public en 2023 (154 Mds €, soit 5,5 % du PIB) est le
signe d'un dérapage incontrôlé des dépenses, sans oublier la balance commerciale en
perpétuel déficit depuis 2003 (99,6 Mds € en 2023) et une croissance faible (0,9 %). La
France se classe ainsi parmi les cancres de l'UE avec de graves conséquences pour les
Français qui ne comprennent pas d'être ignorés, oubliés et abandonnés alors que des
milliards d'euros sont accordés à l'Ukraine. La France s'effondre sur tous les plans avec
des finances exsangues, la fermeture de plus de 57 000 entreprises en 2023, une école
malade, un hôpital naufragé, des services publics dégradés, le monde paysan en révolte,
un chômage qui remonte, une immigration massive de culture hostile et incompatible qui
veut imposer ses mœurs, des femmes voilées qui envahissent l'espace public, une
insécurité qui explose et s'impose partout par le couteau ou la kalachnikov, sans oublier
les attentats islamistes et la menace qui pèse sur les jeux olympiques, le tout avec une
instrumentalisation de nos institutions contre les intérêts des Français. La situation est
explosive, la colère monte et le président de la République le sait pertinemment. La
radicalisation de son discours à l'égard de la Russie (il y a quelques mois il ne fallait pas
l'humilier et à présent il faut tout faire pour la battre) traduit, en réalité, non seulement
l'ineptie du « en même temps » en matière de géostratégie et de sécurité au niveau
européen mais sa volonté évidente d'utiliser cette guerre comme moyen de diversion sur
le plan intérieur pour cacher l'échec terrible de sa politique et bâillonner les Français et
pour tenter de fausser la campagne des élections européennes. Y parviendra-t-il ?
Dans les deux cas, que ce soit une fuite en avant dans le déni et l'aveuglement pour
engager nos soldats dans ce conflit avec les conséquences dramatiques d'un engrenage
incontrôlable ou que ce soit une posture théâtrale de dramatisation dans un but de
diversion visant à prévenir tout mouvement de contestation qui pourrait conduire à des
troubles graves et menacer le régime, le président et le pouvoir exécutif dans son
ensemble ont une lourde responsabilité dans la situation évoquée. Que cette dernière
bascule dans la concrétisation de l'une ou l'autre hypothèse avec des conséquences
tragiques, le président sera contraint de manger son chapeau et il ne restera alors à nos
dirigeants que la honte et au peuple français la souffrance et les larmes. Les Français
sont-ils prêts à accepter ce destin funeste ?
Le 02 avril 2024 Général (2S) Antoine MARTINEZ
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