dimanche 9 juin 2024

🇫🇷 Juin 1964, le GĂ©nĂ©ral de Gaulle refuse de participer aux commĂ©morations du dĂ©barquement de 1944 : « La France a Ă©tĂ© traitĂ©e comme un paillasson. [...] Il faut commĂ©morer la France, et non les Anglo-Saxons ! » En octobre 1963, il explique son choix Ă  Peyrefitte qui l'interroge : « Eh bien, non ! Ma dĂ©cision est prise ! La France a Ă©tĂ© traitĂ©e comme un paillasson ! Churchill m'a convoquĂ© d'Alger Ă  Londres, le 4 juin. Il m'a fait venir dans un train oĂą il avait Ă©tabli son quartier gĂ©nĂ©ral, comme un châtelain sonne son maĂ®tre d'hĂ´tel. Et il m'a annoncĂ© le dĂ©barquement, sans qu'aucune unitĂ© française ait Ă©tĂ© prĂ©vue pour y participer. Nous nous sommes affrontĂ©s rudement. Je lui ai reprochĂ© de se mettre aux ordres de Roosevelt, au lieu de lui imposer une volontĂ© europĂ©enne (il appuie). Il m'a criĂ© de toute la force de ses poumons : "De Gaulle, dites-vous bien que quand j'aurai Ă  choisir entre vous et Roosevelt, je prĂ©fĂ©rerai toujours Roosevelt ! Quand nous aurons Ă  choisir entre les Français et les AmĂ©ricains, nous prĂ©fĂ©rerons toujours les AmĂ©ricains ! Quand nous aurons Ă  choisir entre le continent et le grand large, nous choisirons toujours le grand large !" (Il me l'a dĂ©jĂ  dit. Ce souvenir est indĂ©lĂ©bile.) Le dĂ©barquement du 6 juin, ç'a Ă©tĂ© l'affaire des Anglo-Saxons, d'oĂą la France a Ă©tĂ© exclue. Ils Ă©taient bien dĂ©cidĂ©s Ă  s'installer en France comme en territoire ennemi ! Comme ils venaient de le faire en Italie et comme ils s'apprĂŞtaient Ă  le faire en Allemagne ! Ils avaient prĂ©parĂ© leur AMGOT, qui devait gouverner souverainement la France Ă  mesure de l'avance de leurs armĂ©es. Ils avaient imprimĂ© leur fausse monnaie, qui aurait eu cours forcĂ©. Ils se seraient conduits en pays conquis. C'est exactement ce qui se serait passĂ© si je n'avais pas imposĂ©, oui imposĂ©, mes commissaires de la RĂ©publique, mes prĂ©fets, mes sous- prĂ©fets, mes comitĂ©s de libĂ©ration ! Et vous voudriez que j'aille commĂ©morer leur dĂ©barquement, alors qu'il Ă©tait le prĂ©lude Ă  une seconde occupation du pays ? Non, non, ne comptez pas sur moi ! Je veux bien que les choses se passent gracieusement, mais ma place n'est pas lĂ  ! Et puis, ça contribuerait Ă  faire croire que, si nous avons Ă©tĂ© libĂ©rĂ©s, nous ne le devons qu'aux AmĂ©ricains. Ça reviendrait Ă  tenir la RĂ©sistance pour nulle et non avenue. Notre dĂ©faitisme naturel n'a que trop tendance Ă  adopter ces vues. Il ne faut pas y cĂ©der ! En revanche, ma place sera au mont Faron le 15 aoĂ»t, puisque les troupes françaises ont Ă©tĂ© prĂ©pondĂ©rantes dans le dĂ©barquement en Provence, que notre 1re ArmĂ©e y a Ă©tĂ© associĂ©e dès la première minute, que sa remontĂ©e fulgurante par la vallĂ©e du RhĂ´ne a obligĂ© les Allemands Ă  Ă©vacuer tout le Midi et tout le Massif central sous la pression de la RĂ©sistance. Et je commĂ©morerai la libĂ©ration de Paris, puis celle de Strasbourg, puisque ce sont des prouesses françaises, puisque les Français de l'intĂ©rieur et de l'extĂ©rieur s'y sont unis, autour de leur drapeau, de leur hymne, de leur patrie ! Mais m'associer Ă  la commĂ©moration d'un jour oĂą l'on demandait aux Français de s'abandonner Ă  d'autres qu'Ă  eux-mĂŞmes, non ! Les Français sont dĂ©jĂ  trop portĂ©s Ă  croire qu'ils peuvent dormir tranquilles, qu'ils n'ont qu'Ă  s'en remettre Ă  d'autres du soin de dĂ©fendre leur indĂ©pendance ! Il ne faut pas les encourager dans cette confiance naĂŻve, qu'ils paient ensuite par des ruines et par des massacres ! Il faut les encourager Ă  compter sur eux-mĂŞmes ! Allons, allons, Peyrefitte ! Il faut avoir plus de mĂ©moire que ça ! Il faut commĂ©morer la France, et non les Anglo-Saxons ! Je n'ai aucune raison de cĂ©lĂ©brer ça avec Ă©clat. Dites-le Ă  vos journalistes. Ceux qui ont donnĂ© leur vie Ă  leur patrie sur notre terre, les Anglais, les Canadiens, les AmĂ©ricains, les Polonais, Sainteny et Triboulet seront lĂ  pour les honorer dignement. » https://x.com/gaullisme_fr/status/1797159884837851354?s=46&t=h8KbYJg3JYYL0Z64L1snHw

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