mardi 26 novembre 2024
Une fois encore, les paysans de France se voient contraints de descendre dans nos rues pour se faire entendre, leurs institutions de tutelles restant sourdes à leurs appels au secours et indifférentes à leur agonie.
Une fois encore, les élus ont trahi, menti, gagné du temps en promettant tout et son contraire, sans avoir un instant l'intention réelle de faire quoi que ce soit pour ce monde agricole en difficulté. Le président de la république pouvait bien fanfaronner en bras de chemise au salon de l'agriculture 2023, tutoyant les uns et les autres pour donner l'illusion de la proximité, son premier ministre post adolescent de l'époque pouvait bien se mettre en scène sur un ballot de paille, rien n'y a fait, si ce n'est comme d'habitude, quelques saupoudrages de subventions et les traditionnels catalogues de bonnes intentions.
Rien n'y a fait car on ne peut pas faire du "en même temps" sur ce coup là, on ne peut pas parler de "souveraineté alimentaire" (du nouveau nom bien trompeur du ministère) et déléguer à l'Union Européenne le sort du monde rural, être favorable au Mercosur en coulisses à Bruxelles et réticent sur les plateaux télés à Paris, voter des accords pour importer du lait de Nouvelle Zélande (120 jours de cargo aller-retour, bonjour l'empreinte carbone !) et prétendre hypocritement tout faire pour soutenir l'excellence de la filière en France.
La France a perdu près d'un million d'exploitations agricoles en 25 ans et la situation ne cesse de s'aggraver. Pour autant, aucun gouvernement ne semble prendre la mesure de la catastrophe. Au delà de la tragédie que vivent nos paysans dans leur vie quotidienne, c'est aussi un abandon de notre héritage, du legs inestimable de nos aïeux, qui nous ont transmis une terre qu'ils ont travaillée et aimée, des paysages qu'ils ont façonnés, une culture dont chaque génération est dépositaire. Non, messieurs les décideurs, il ne peut y avoir de pays sans paysans et notre agriculture n'est pas une variable d'ajustement budgétaire, monnaie d'échange contre des faveurs à l'OMC ou des voitures allemandes. Notre ruralité, c'est notre âme !
Gérard HARDY
Vice Président de Place d'Armes
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