samedi 30 mars 2024

Pieter Kerstens Et ils ont bien raison, car le président Micron et son acolyte Attal les écoutent mais ne les comprennent pas. C’est bien simple : après plus de 60 heures de labeur hebdomadaire, les paysans veulent vivre de leur travail, ce qui n’est pas le cas pour la majorité d’entre eux. Le monde agricole a toujours été traversé de crises successives et je me souviens que dans les années 1950, j’avais assisté dans mon enfance à des manifestations des charrettes de fumier et de foin tirées par des chevaux, en Normandie. En 1958, les agriculteurs manifestaient suite à une surproduction de choux-fleurs et d’artichauts et en 1961 pour des surplus de pomme de terre. En 1970 et 1976, à cause d’une concurrence européenne dans les vins, le Midi et le Languedoc se révoltaient avec la Comité d’Action Viticole. Dans l’Aude une manifestation violente déclenchait une fusillade dans laquelle un commandant de CRS et un producteur de vins sont tués. De 1984 à 2009, la France aura vécu plusieurs révoltes contre les quotas laitiers imposés par les bureaucrates de Bruxelles. Qu’on les nomme croquants, péquenots, bouseux, culterreux ou paysans, leur colère est justifiée. Au fil des décennies, ils ont subi une avalanche de règlements, de normes, de lois et d’interdictions qui, au lieu d’améliorer leur situation, a surtout entravé la production d’une grande partie de ceux qui nous approvisionnent en denrées alimentaires. Mais certains politiciens avaient tiré la sonnette d’alarme depuis longtemps. Notre devoir de mémoire nous rappelle à ce titre que déjà en 1969, pour les élections présidentielles du 15 juin, le candidat Alain Poher écrivait dans sa profession de foi « Un programme agricole moderne : Le travail et les investissements agricoles doivent être rémunérés par des prix garantissant aux producteurs un revenu et des conditions de vie comparables à ceux des autres secteurs de l’économie. Une adaptation des structures est nécessaire pour que les entreprises agricoles atteignent une meilleure efficacité économique, mais elle doit être organisée de façon à préserver le monde rural d’un exode dommageable pour la collectivité nationale. La formation professionnelle doit être intensifiée. En outre, l’essor nouveau de l’économie et un aménagement dynamique des régions doivent entraîner l’implantation d’activités économiques non agricole en milieu rural. La rapidité de l’évolution place les agriculteurs trop âgés pour une reconversion professionnelle, mais trop jeune pour bénéficier de l’indemnité viagère de départ, dans une situation dramatique. Pour ceux-là, les conditions de la pré-retraite doivent être rendues plus humaines et plus efficaces. » Par ailleurs Alain Poher - Président du Sénat - insistait dans son programme : « La politique agricole commune (la fameuse PAC) ne peut exister sans une politique européenne globale, concernant la fiscalité, les structures, l’aménagement des régions à la dimension européenne, les régimes sociaux. Le Plan Mansholt n’apporte pas une conclusion à la définition de cette politique d’ensemble. » Et il terminait par : « Il est temps de donner enfin à la France une politique agricole qui fixe les orientations de production claires et durables. » En 1970 il y avait 1.587.600 exploitations agricoles en France. Il n’y en a plus que 387.000 aujourd’hui, plus grandes et plus performantes, certaines certes exportatrices, mais dont la grande majorité ne sont pas bénéficiaires. L’Aisne avant l’Ukraine. Dans un contexte de déficit budgétaire chronique, Bruno Lemaire avait annoncé l’obligation de trouver 10 milliards d’euros d’économies pour 2024 et 20 milliards pour 2025. Le monde agricole aurait bénéficié d’environ 600 millions d’euros d’aides et de subventions pour 2024, tels que le Premier ministre Attal et le ministre de l’agriculture l’ont annoncé en janvier. Pour sa part le Président Micron déclarait le vendredi 16 février : « En 2024 la France (vous les contribuables) fournira jusqu’à 3 milliards d’euros supplémentaires d’aides militaires. Cela concerne la livraison d’avions Mirages 2000 D, des missiles antichars et antiaériens, 18 canons Caesar à livrer prochainement (en plus des 32 déjà en Ukraine) et 60 autres à produire, des blindés et des équipements de surveillance satellitaire. En outre 1.000 à 3.000 obus de 155mm seront envoyés à Kiev chaque mois, ce qui correspond à la consommation quotidienne des canons ukrainiens… Alors que les paysans tirent le diable par la queue avec moins de mille euros par mois, on trouve immédiatement des milliards pour faire une guerre qui ne nous concerne pas ! Le bon-sens est absent dans cette nouvelle crise agricole et c’est pourquoi le monde paysan est en colère, non seulement en France, mais aussi en Allemagne, en Belgique, en Espagne ou aux Pays-Bas, paysans auxquels se joignent également les indépendants eux-aussi maltraités par les aberrations du mondialisme. En effet, il est intolérable d’accepter que des produits qui ne répondent pas aux normes en vigueur en Europe, soient encore importés chez nous. Le 9 juin nous devrons exprimer notre refus d’une Europe ouverte au monde entier et sanctionner les charlatans qui nous gouvernent.

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