dimanche 8 septembre 2024

Vincent Van Gogh, la fin d’un mythe? par OLIVIER CABANEL — On a tout dit sur Vincent Van Gogh, sauf peut-être la vérité: il n’était ni pauvre, ni fou, ni méconnu. Tout a commencé par deux films, réalisés par Fanny Walz sous la direction artistique de Peter Knapp. lien On ne présente plus Peter Knapp, virtuose de la photographie, d’abord directeur artistique au journal "Elle", puis parcourant le monde entier en quête de reportages, il est aujourd’hui professeur à l’ESAG, et a reçu de nombreuses récompenses dont 17 médailles du ADCI (Arts Director Club International). lien Un historien d’art, Wouter Van der Veen vient d’écrire un livre étonnant, chez Acte Sud : "Van Gogh derniers jours à Auvers". Il avait participé auparavant aux films de Walz et Knapp. L’un de ces films passe actuellement en Imax à la Géode à Paris Or un jour Peter Knapp a dit à Wouter « les images s’en vont… » C’est de là qu’est venue à Wouter l’idée d’écrire ce livre. Celui-ci est un véritable pavé dans la mare de nos certitudes. En effet, si l’on parcourt les ouvrages consacrés à Van Gogh, on évoque souvent le courrier qu’il partagea avec son frère Théo (700 lettres publiées en 1911 et traduites en français 50 ans plus tard. lien Mais rien, ou presque rien sur les relations que Vincent avait établies avec sa belle sœur, Johanna. Van Gogh ne serait donc pas celui que nous pensons ? Voilà qui peut en surprendre plus d’un, tant nous sommes hantés par cette image du peintre à l’oreille coupée, et vivant dans le plus grand dénuement. Il y avait déjà des doutes sur « l’oreille coupée », et de nombreux historiens de l’art affirment que Gauguin aurait été responsable de cette mutilation. lien Il semble bien que la fable de Van Gogh s’étant mutilé l’oreille avec un rasoir ait fait long feu. D’après deux universitaires allemands, Hans Kaufmann et Rita Wildegans, ce serait Gauguin qui aurait porté un coup de sabre sur l’oreille de son ami. Van Gogh n’aurait rien dit, pour le protéger, mais ceci pourrait bien expliquer le départ précipité de Gauguin vers Paris, après une brève audition devant les services de la police. lien Mais revenons au livre de Van der Veen. Si Wouter van der Veen a pu arriver à ces conclusions, c’est justement grâce à la correspondance échangée entre Vincent et Johanna Bonger, qui était sa belle sœur. Derrière chaque grand homme, il y a souvent une femme, et d’après Van der Veen, Johanna a eu une action décisive et essentielle pour assurer la reconnaissance et la notoriété de son beau frère. C’est ce qui apparait dans la correspondance que Vincent et Johanna ont échangée. Van Gogh aurait créé volontairement le mythe dans lequel il apparaissait comme « incompris, fou, et pauvre ». Il avait bien au contraire une force de travail phénoménale, et une des seules souffrances qu’il ait connu c’est celle de la solitude. Il n’y a qu’à l’imaginer parcourant des kilomètres à travers la campagne d’Auvers-sur-Oise, avec 20 kilos de matériel de peinture sur le dos. Pendant 70 jours, entre le 20 mai 1890 et le 27 juillet 1890, date à laquelle il va se tirer un coup de révolver, et disparaitre deux jours plus tard, il va peindre 80 œuvres qui sont parmi les plus belles créations de l’artiste. Pour arriver à ces conclusions, Wouter van der Veen, conseiller scientifique du Musée Van Gogh d’Amsterdam et directeur délégué de l’institut van Gogh, a passé les dix dernières années de sa vie à étudier Van Gogh et cette correspondance entre lui et sa belle sœur. lien Décidément l’histoire est toujours à prendre avec prudence, tant celle que l’on a bien voulu nous faire croire peut être parfois très éloignée de la réalité. Car comme disait un vieil ami africain : «Pour connaitre ce que les autres disent de toi en ton absence, écoute ce qu’ils disent en ta présence».

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