dimanche 29 décembre 2024

Autant en emportent les Vents OLIVIER CABANEL — Les 632 vents connus de notre pays ne pèsent pas lourd dans la balance des tempêtes connues, et de celles à venir Honorin Victoire est connu pour avoir recensé au début du 21ème siècle, les 632 vents de France. Le livre s’appelait « Petite Encyclopédie des Vents de France » (JC Lattes). Tout le monde connaît la Bise, ou le Mistral, ou même le Sirocco, mais qui connaît la Galerne, la Burle ou le Joran : Ce vent court et impétueux qui fait chavirer en quelques secondes le malheureux plaisancier qui se serait aventuré au mauvais moment sur les eaux du Lac Léman ? Mais le vent, à part quelques exceptions est généralement bénéfique aux hommes et à la nature. Quand il ne dépose pas une fine couche de sable saharien sur les voitures parisiennes, il fait tourner les éoliennes, il est le facteur de la pollinisation, il gonfle les voiles des bateaux, emmène les cerfs volants et les planeurs, porte le vol des oiseaux et des delta-planes, il prévient le gibier de l’arrivée des chasseurs, et soulève malicieusement les jupes des belles. L’image bucolique de tous ces petits vents au charme provincial, s’efface bien vite devant des grands frères bien plus préoccupants. Ils ont pour nom Tempêtes, Ouragans, et autres calamités. Les Français ont la mémoire courte. Il y aura dix ans, un 26 décembre noir, nous avons subi les outrages de Lothar. La météo prévoyait des vents d’un peu plus de 100 km/heure. L’anémomètre de la Tour Eiffel s’est bloqué sur le chiffre de 216 km/h. lien Le lendemain a salué l’arrivée de Martin, qui n’avait rien à lui envier. lien Martin est passé beaucoup plus au sud, achevant de dévaster ce que son compère du nord avait commencé. A 8km d’altitude, il a été mesuré à 530 kmh. Les dégâts provoqués par ces deux tempêtes ont été considérables. Lothar et Martin sont responsable de 88 morts, plus de 3 millions de foyers privés d’électricité, et plus de 10 milliards d’euros de dégâts. Mais les pertes en vies humaines auraient pu être bien plus considérables, car ce jour là, lendemain de fêtes, les Français étaient restés bien au chaud, devant leurs cheminées, à jouer avec leurs cadeaux. Pour preuve de sa violence, il faut songer aux 1500 kilos de plomb arrachés à la toiture du Panthéon, qui n’avaient pas bougé depuis le temps de Louis XV. Quelques éditorialistes en mal de copie avaient évoqué alors « la tempête du siècle ». Mal leur en pris : en janvier 2009, une autre tempête, dénommée Klaus, nous tombait dessus. Le Sud Ouest était une fois de plus visé : 8 morts, des pointes de vents à 184 km/h, et même scénario qu’en 1999 : 16 morts, foyers privés d’électricité, forêts ravagées, toits envolés…lien Depuis 1970, la France n’avait pas connu pareille catastrophe. Les indemnités versée par les assureurs ont été de 270 millions en janvier 1976, 210 millions en décembre 1979, 2900 millions pour novembre 1982, 420 millions pour février 1984, 830 millions pour juillet 1984, 400 millions pour d’octobre et novembre 1984, 330 millions pour décembre 1987, 6500 millions pour janvier 1990, 8700 millions en février 1990 : 8700 millions, et décembre 1999 a battu tous les records. Les conditions de leur arrivée sont connues : Il faut la conjugaison d’un hiver doux et de de l’arrivée d’air froid. L’air froid pénètre dans l’air chaud à cause de la différence de température et de densité, et donne naissance à des tourbillons violents. lien Malgré les dénégations de quelques « spécialistes », ces tempêtes sont bien les conséquences du réchauffement climatique, et devraient se multiplier, en étant toujours plus dévastatrices. En effet, ces spécialistes évoquaient la régularité de ces tempêtes au cours des siècles, affirmant qu’il y en avait une petite dizaine à chaque siècle. Or les évènements prouvent que nous ne sommes plus dans la normalité, ayant déjà comptabilisé une bonne douzaine de tempêtes depuis 1976 en un tiers de siècle. Il y a donc multiplication réelle de ces catastrophes, et à part le réchauffement climatique, on ne voit pas bien quelles pourraient en être les raisons. A défaut de ne pouvoir les empêcher, il faudrait au moins pouvoir en prévenir les effets, et le PPR (plan de prévention des risques) (lien) crée par la loi du 2 février 1995 manque, comme on l’a vu, cruellement d’efficacité. Car comme disait un vieil ami africain : «On peut obliger un chien à se coucher, mais pas à lui faire fermer les yeux ».

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