* Ukraine Réponse du Général Delawarde à Myard, sur l’affrontement Etats-Unis / Russie
Réponse du Général (2S) Dominique Delawarde à Jacques Myard, sur l’affrontement Etats-Unis / Russie en Ukraine
Différence de leadership des armées de Russie et de l’OTAN sur le front ukrainien
Extraits d’un article à retrouver dans son intégralité ici :
https://stratpol.com/
En résumé : il faut être prudent avant d’évoquer les insuffisances du leadership russe.
Si une bonne partie de votre analyse sur les risques de dérapage du conflit ukrainien me semble juste, je reviens sur la phrase:
“Les renseignements fournis par les Américains ont été décisifs pour contrer l’avancée russe dont l’armée s’est révélée incapable de s’adapter, en raison de concepts militaires d’un autre âge.”
Ancien chef “Situation-Renseignement-
Jusqu’à preuve du contraire, la Russie n’a pas déclaré de mobilisation partielle et encore moins générale de ses forces pour mener cette “opération spéciale”. Dans le cadre de l’Opération Z, elle n’a utilisé, jusqu’à présent, que 12% de ses soldats (des professionnels ou des volontaires), 10% de ses avions de chasse, 7% de ses chars, 5% de ses missiles et 4% de son artillerie.
Chacun observera que le comportement des élites dirigeantes occidentales est, jusqu’à ce jour, beaucoup plus fébrile et hystérique, que le comportement de la gouvernance russe, plus calme, plus placide, plus déterminée, plus sûre et maîtresse d’elle même, de son action et de son discours. Ce sont des faits.
La Russie n’a donc pas fait jouer ses immenses réserves (réserves qui n’existent quasiment plus en UE). Elle dispose de beaucoup plus d’une semaine de munitions ainsi qu’elle le démontre chaque jour sur le terrain. Nous n’avons pas cette chance à l’Ouest où la pénurie de munitions, l’obsolescence des matériels majeurs, leur maintenance insuffisante, leur faible DTO (Disponibilité Opérationnelle Technique), l’absence de réserve, le manque d’entrainement des personnels, le caractère échantillonnaire des matériels modernes et bien d’autres éléments ne nous permettent pas d’envisager sérieusement, aujourd’hui, une victoire militaire de l’OTAN face à la Russie. C’est bien la raison pour laquelle nous nous contentons d’une guerre “économique” en espérant affaiblir l’ours russe.
Venons-en à la qualité du leadership militaire de la partie russe et comparons la à celle de la “coalition occidentale”.
Le 24 février, les Russes se sont lancés, dans l’urgence, dans une “opération spéciale” préemptive, précédant de quelques jours un assaut des forces de Kiev contre le Donbass.
Cette opération était spéciale parce que l’essentiel des opérations au sol allaient se dérouler dans un pays frère et dans des zones dans lesquelles une partie importante de la population n’était pas hostile à la Russie (le Donbass). Il ne s’agissait donc pas d’une opération classique de haute intensité face à un ennemi irréductible, il s’agissait d’une opération dans laquelle la technique du rouleau compresseur russe, écrasant les forces, les infrastructures et les populations adverses par l’artillerie (comme en Allemagne lors de la 2ème guerre mondiale) était impossible à envisager. Cette opération était spéciale parce qu’il s’agissait davantage, dans le Donbass, d’une opération de libération d’une population amie, otage des bataillons de représailles ukro-nazis, et martyrisée depuis 8 ans, opération dans laquelle les populations et l’infrastructure civiles devaient être épargnées autant qu’il était possible.
Cette opération était donc réellement spéciale et particulièrement difficile à conduire avec en permanence à l’esprit les exigences contradictoires d’obtenir la victoire en avançant et en occupant le terrain, tout en ménageant la population et l’infrastructure civile et la vie de ses propres soldats.
En outre, cette opération a été menée, jusqu’à présent, en infériorité numérique (près de un contre deux), alors que le rapport de force au sol requis en offensive est de 3 contre 1, et même de 5 contre 1 en zone urbanisée. Les forces kiéviennes ont d’ailleurs parfaitement compris l’intérêt de se retrancher dans les villes et de se servir des populations civiles russophones et russophiles comme bouclier humain…
J’observe que, sur le terrain, les forces russes continuent d’avancer, jour après jour, lentement mais sûrement face à une armée ukrainienne qui a réalisé sa mobilisation générale, qui est aidée par l’occident, et qui est sensée se battre pour sa terre…
Mettre en cause la qualité du leadership russe, engagé dans une opération militaire très complexe, menée en infériorité numérique, dans laquelle tout doit être fait pour éviter les dégâts collatéraux excessifs me paraît être une énorme erreur d’appréciation. On prête aussi trop souvent aux russes, en occident, des intentions ou buts de guerre qu’ils n’ont jamais eu, juste pour pouvoir dire que ces objectifs n’ont pas été atteints.
Il est vrai que l’OTAN ne s’est jamais embarrassée de scrupules pour écraser sous les bombes les populations civiles des pays qu’elle agressait (souvent sous des prétextes mensongers), pour contraindre ces pays à demander grâce. (Serbie, Irak, Afghanistan, Libye, etc.). Plus d’un million de bombes otaniennes ont été larguées depuis 1990 sur la planète entrainant la mort directe ou indirecte de plusieurs millions d’individus dans l’indifférence la plus totale des opinions publiques occidentales.
(…)
« Je dirai qu’il faut être prudent avant d’évoquer les insuffisances du leadership russe ».
Le leadership occidental a également sous estimé les soutiens sur lesquels pouvait compter la Russie dans la guerre économique qui lui est faite (soutien de l’OCS, des BRICS, de très nombreux pays d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine et même des pays du golfe, producteurs de gaz et de pétrole).
Sur le plan militaire et dans la perspective d’une guerre nucléaire, les occidentaux gagneraient enfin à ne pas sous estimer les performances des vecteurs et des technologies russes.
Il faut être prudent avant de prendre pour argent comptant et de relayer les déclarations péremptoires et les analyses des services de renseignement occidentaux et garder à l’esprit la superbe déclaration de Mike Pompéo, ex Secrétaire d’État américain:
« J’ai été directeur de la CIA et nous avons menti, triché, volé. C’était comme si nous avions eu des stages entiers de formation pour apprendre à le faire »
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire