mardi 24 décembre 2024

La mafia secrète des DLC (dates limites de consommation) Avec les fêtes, nous avons tendance à acheter des quantités de nourriture parfois astronomiques… et de nous retrouver avec des restes dont on ne sait trop que faire ! Souvent inquiétés par la date limite de consommation sur l’emballage (DLC), nous jetons alors des produits qui sont encore bons. C’est un gaspillage économique, écologique et la preuve que nous sommes un peu victimes des tactiques de la société de consommation. C’est pour cela que je voulais vous parler aujourd’hui du lobby insoupçonné des DLC et comment ne plus se laisser berner par ces dates sur nos emballages. Les DLC (Dates Limites de Consommation) : une histoire d’hygiène, de pouvoir et de gaspillage L’idée de garantir la fraîcheur et la sécurité des aliments ne date pas d’hier. Avant même l’apparition des DLC modernes, les sociétés humaines ont cherché à préserver la nourriture face à des risques omniprésents : contamination, putréfaction et empoisonnement. Les techniques de salaison, fumage ou fermentation, courantes pendant des millénaires, visaient précisément à prolonger la durée de vie des denrées. Mais le basculement vers une régulation systématique de la consommation a véritablement pris racine à l’ère industrielle. Avec l’urbanisation et l’essor des supermarchés au XXᵉ siècle, les chaînes d’approvisionnement se sont allongées, exposant les produits à des risques nouveaux. Ce contexte a donné naissance à une véritable mafia des DLC. Et cette histoire commence avec le plus célèbre des gangsters. Un épisode oublié: quand Al Capone créait un lobby du lait en bouteille Un épisode souvent cité (mais difficile à vérifier) dans l’histoire des DLC concerne le célèbre gangster Al Capone. Dans les années 1930, le lait non pasteurisé causait de nombreuses intoxications, en particulier chez les enfants. Capone, cherchant à redorer son image tout en réalisant un coup financier, aurait financé une campagne pour exiger des dates sur les bouteilles de lait à Chicago. Ces dates indiquaient seulement le moment où le lait avait été mis en bouteille. C’était au consommateur de décider si le lait était encore frais ou non. Et cela a marché ! Ce fut l’une des premières initiatives visant à réguler la vente de denrées alimentaires avec des dates visibles pour le consommateur. Mais n’allez pas croire qu’Al Capone était un visionnaire. Son but était surtout financier : il voulait réduire ses pertes et forcer les clients à acheter sur une base régulière. Al Capone est mort mais la mafia des DLC existe toujours Dans les années 1960 et 1970, les gouvernements occidentaux ont progressivement adopté des réglementations imposant des dates limites sur les produits alimentaires. Cela répondait à une double exigence : protéger la santé publique et organiser un marché alimentaire en pleine expansion. En France, c’est le groupe Casino qui aurait indiqué en premier (vers 1959) la date limite de vente sur les emballages des produits. Et c’est en 1984 que la mesure devient obligatoire sur tous les produits alimentaires périssables. Il existe deux types de dates : les DLC et les DDM En France, la distinction entre deux types de dates est fondamentale : La Date Limite de Consommation (DLC) : Indiquée par "À consommer jusqu’au…". Elle concerne les produits très périssables, tels que les viandes, poissons et produits laitiers frais. Après cette date, le produit peut présenter un risque sanitaire. La Date de Durabilité Minimale (DDM) : Anciennement appelée DLUO (Date Limite d’Utilisation Optimale). Indiquée par "À consommer de préférence avant le…". Elle concerne des produits moins sensibles, comme les conserves, pâtes, ou biscuits. Le dépassement de cette date n’affecte que la qualité (goût, texture), mais pas la sécurité. Pourquoi cette distinction ? Cette organisation vise à clarifier les risques pour les consommateurs. La DLC garantit une sécurité absolue, tandis que la DDM permet une flexibilité dans l’usage des produits non périssables.

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