dimanche 23 mars 2025
Marché : Après avoir franchi les 3.000 dollars, jusqu'où l'or peut-il grimper?
samedi 22 mars 2025 à 07h00
L'or a-t-il encore du potentiel?
(BFM Bourse) - Le métal précieux signe un début d'année en trombe, dépassant dès ce mois de mars les 3.000 dollars l'once. Les bureaux d'études s'accordent sur le fait que ce rallye a de bonnes chances de se poursuivre.
Pour l'instant, 2025 ressemble quand même beaucoup à 2024 pour l'or. La "relique barbare" comme la surnommait l'illustre économiste John Maynard Keynes s'adjuge 14,4% depuis le début de l'année, après avoir pris 27,2% l'an passé, sa meilleure année depuis 2010 selon Deutsche Bank.
En janvier, nombre de stratégistes et de grandes banques estimaient que l'or passerait la barre des 3.000 dollars l'once (31,1 grammes) en 2025 ou 2026, après avoir atterri à 2.641 dollars à la fin de 2024.
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Cette barre symbolique a été franchie dès la fin de la semaine dernière, le vendredi 19 mars. Depuis, la matière première s'est stabilisée un peu au-dessus de 3.000 dollars l'once (3.020 dollars actuellement). Pour rappel, l'or avait dépassé les 2.000 dollars l'once en août 2020, lors de la pandémie, et les 1.000 dollars en 2009, durant la grande crise financière.
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Achats des banques centrales et dollar plus faible
L'ensemble des forces haussières qui s'exercent sur l'or depuis un peu plus d'un an ont continué de jouer. Les banques centrales des grands pays émergents, notamment la Pologne, soucieuse d'envoyer un message de confiance sur son économie alors que son pays se situe à proximité du conflit en Ukraine, continuent de remplir leurs réserves.
En février, la Banque populaire de Chine, la banque centrale du pays, a encore acquis pour cinq tonnes d'or, portant le total à près de 2.300 tonnes, soit 5,9% des réserves mondiales d'or détenues par les banques centrales.
La faiblesse du dollar a aussi pu jouer, ces dernières semaines. L'or étant libellé en dollars, une baisse du billet vert rend cette matière première plus intéressante pour les investisseurs dont la devise de référence n'est pas le dollar.
Or depuis la mi-janvier, l'US Dollar index, qui mesure l'évolution du billet vert face à un panier de grandes devises internationales, a perdu 6%. Une baisse qui s'explique à la fois par des indicateurs économiques décevants, mais aussi par la mauvaise performances des marchés actions américains.
Des anticipations d'une reprise des baisses des taux directeurs de la part de la Réserve fédérale américaine (Fed) à la lueur des dernières données sur l'inflation ont également porté l'or. Pour rappel, comme l'or ne produit pas de revenus comme des dividendes ou des coupons (pour les actions) son attrait a tendance à s'effriter quand les taux montent. Car, toutes choses égales par ailleurs, une hausse des taux incite davantage les agents économiques à placer leur argent plutôt que de l'investir sur de l'or.
Surtout, il y a "l'éléphant dans la pièce", comme le disent les anglophones: la politique économique et diplomatique erratique de Donald Trump. Ses louvoiements sur les surtaxes douanières ont davantage inquiété qu'enthousiasmé le marché.
3.500 dollars au troisième trimestre
"Les traders ont anticipé une position plus 'dovish' ("accommodante") de la part de la Réserve fédérale à la suite de données économiques qui ont montré une inflation américaine plus faible que prévu et des chiffres de l'emploi qui indiquent un refroidissement du marché du travail", explique Ricardo Evangelista d'Activtrades.
"Dans le même temps, l'incertitude entourant les politiques douanières changeantes du président Trump déstabilise les agents économiques et assombrit les perspectives, tandis que les turbulences géopolitiques actuelles renforcent encore la demande pour le métal refuge", poursuit-il. "Dans ce contexte, les prix de l'or pourraient encore augmenter", conclut Ricardo Evangelista.
Cette opinion semble communément admise: le rallye de l'or ne semble pas prêt de s'arrêter. Cités par Bloomberg, les analystes de la banque australienne Macquarie estiment que le cours moyen de l'or devrait se situer, en moyenne, à 3.150 dollars l'once au troisième trimestre 2025, avec un pic qui atteindrait 3.500 dollars . L'or pourrait être utilisé comme une "couverture" contre l'inflation et le risque de de dégradation du déficit américain, causés par les politiques budgétairement expansives de Donald Trump.
"Nous estimons que la vigueur du prix de l'or jusqu'à présent, et nos prévisions pour l'avenir, s'expliquent principalement par le fait que les investisseurs et les institutions officielles sont davantage disposés à payer pour l'absence de risque de crédit ou de contrepartie qu'il présente", juge Macquarie. La banque australienne voit aussi la demande physique (la bijouterie, les pièces, les lingots) apporter un facteur de soutien additionnel.
Un besoin de valeurs sûres
UBS a relevé ses prévisions sur l'or lundi, tablant désormais sur une once d'or à 3.200 dollars à fin juin, contre 3.000 dollars auparavant. Un niveau autour duquel l'établissement suisse voit la matière première se stabiliser, UBS ayant la même cible de 3.200 dollars l'once pour septembre, décembre, ainsi que pour mars 2026.
L'établissement estime que le rallye se poursuivra "aussi longtemps que les risques politiques et l'intensification des conflits commerciaux continuent de stimuler la demande de valeurs sûres".
"Nous reconnaissons que le marché est entré dans une zone de surachat technique, mais nous pensons que l'humeur des investisseurs reste à la prudence en ce qui concerne les actions américaines et à la confiance dans l'or", ajoute la banque. UBS considère également que la demande des ETF (des fonds indiciels) ainsi que des banques centrales (elle table sur 1.000 tonnes d'achats d'or en 2025) porteront encore les cours.
En s'appuyant sur ses modèles de prévision, Bank of America note que l’or pourrait atteindre 3.500 dollars l’once, si la demande d’investissement (donc autre que les banques centrales) augmentait de 10%.
“C'est beaucoup, mais ce n'est pas impossible”, concluait Bank of America. L’établissement citait l’'initiative de la Chine visant à permettre aux assureurs d'investir dans l'or qui pourrait créer 300 tonnes de demande supplémentaire, ce qui équivaut à 6,5% du marché mondial annuel.
En février, Goldman Sachs avait de son côté relevé son objectif à fin 2025 sur l’or à 3.100 dollars contre 2.890 dollars précédemment. La banque américaine justifiait cet objectif par le fait que les banques centrales porteraient à elles seules les cours de l’or de 9% avec leurs achats tandis que la demande pour des fonds indiciels reprendrait.
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