mercredi 26 février 2025

Henri Ramoneda : “N’est pas De Gaulle ou Churchill qui veut !” par adminLuc le Fév 26, 2025 • 11 h 17 min Aucun commentaire Partager sur FacebookPartager sur Twitter -“Cher Emmanuel, Cher Donald, voilà donc un langage reflétant l’agrément et l’à-propos tenu le lundi 24 février à la Maison Blanche entre le président Donald Trump et le président Emmanuel Macron. Soyons clairs. Ne nions pas l’évidence : Emmanuel Macron doit faire face à un sérieux problème de crédibilité et de vision politique qui caractérise les grands hommes politiques. Élu Président de la Ve République française en 2017, réélu en 2022, il n’est toujours pas en mesure de pacifier l’ordre public en Nouvelle Calédonie à la suite d’un projet de révision constitutionnelle. Charité bien ordonnée commence par soi-même. Désireux de plaire à la nouvelle administration américaine, Emmanuel Macron a acté lors de son récent déplacement à Washington le fléchissement de la France sans coup férir, en se disant prêt « à un deal rapide ». Les Américains, comme les Européens, ont accordé du soutien sous forme de dons, de prêts ou de garanties. Désormais Donald Trump entend récupérer les métaux stratégiques du sous-sol ukrainien. Les gains serviront à rembourser les dépenses américaines occasionnées par la guerre en Ukraine. Il n’y a rien de surprenant à cela. Le 11 mars 1941, le président Roosevelt avait accordé plusieurs prêts, en vertu de la loi Prêt-bail (Lend-Lease Act) à de nombreux pays sans intervenir à cette date dans le conflit de la deuxième guerre mondiale. C’est donc dans ce cadre que l’Union soviétique avait bénéficié d’un prêt de 11 milliards de dollars pour l’aider à vaincre l’invasion nazie. Pour qui connait l’histoire autrement que par les films, l’URSS a remboursé son prêt en 1986. https://archive-share.america.gov/fr/le-materiel-militaire-livre-par-les-etats-unis-a-lu-r-s-s-a-aide-a-vaincre-le-nazisme/index.html Selon l’historien grec Thucydide : l’histoire n’est qu’un perpétuel recommencement. Donald Trump avait prévu de régler rapidement la question ukrainienne afin de pouvoir se consacrer sur ce qui est pour lui essentiel : l’espace indopacifique. Il sait très bien que la prolongation de la guerre en Ukraine ne conduira à rien sinon à déplorer davantage de destructions, de morts, de blessés, de veuves et d’orphelins. Et son empressement s’explique aussi par le fait que le président Volodymyr Zelensky a fait voter une loi au cours de son mandat qui lui interdit de négocier la paix avec la Russie. Au même moment, l’Europe apparaît mal en point. Son modèle présente des faiblesses et des vulnérabilités. Elle n’a jamais été en mesure de s’opposer à l’attractivité du billet vert et à l’extraterritorialité du droit américain. C’est le résultat de plusieurs décennies de son alignement aux politiques américaines. De plus, l’Union européenne est empêtrée depuis 2008 dans une crise de la dette qui ne cesse de s’aggraver considérablement. Sous l’effet de la guerre en Ukraine qui dure depuis 2014, certains dirigeants européens n’ont pas encore compris qu’un monde multipolaire avait émergé. Et selon certains analystes, Shanghai serait en 2035, en passe de détrôner New York comme prochain pôle économique et financier. Les négociations entre les États-Unis et la Russie se poursuivent à Riyad et devraient aboutir à une solution de paix. Donald Trump, élu 47e président des États-Unis, applique la même stratégie que celle de Richard Nixon. Il souhaite se rapprocher de la Russie pour contenir l’expansion économique, industrielle et commerciale de la Chine. Et il le fait en Arabie saoudite, fidèle alliée de Washington, mais qui conserve des liens avec la Russie. En matière de relations internationales, la méthode de Donald Trump n’est pas irrationnelle. D’autant que dans cet espace politique, il n’y a pratiquement pas de place pour l’improvisation. Voilà pourquoi l’administration Trump ne s’épargne aucun effort pour obtenir le plus haut niveau de satisfaction et d’engagement dans le seul intérêt de ses administrés. Henri Ramoneda

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